criminel, elle
- 1Qui est coupable d'un crime ou de toute grave infraction à la morale. Un homme criminel.
On n'est point criminel quand on punit un crime
. [Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]Celui qui, sans autorité, tue un criminel, se rend criminel lui-même
. [Pascal, Les provinciales]Je le crois criminel puisque vous l'accusez
. [Racine, Phèdre]Pour bien comprendre toute la confusion dont sera couverte l'âme criminelle, lorsqu'elle sera montrée à toutes les créatures et que tous ses vices les plus secrets seront exposés au grand jour
. [Massillon, Avent, Jug. univ.]Fig. Qui appartient à une personne criminelle, qui lui sert à commettre, à concevoir le crime. Des regards criminels.
Grâces au ciel ! mes mains ne sont pas criminelles, Plût aux dieux que mon coeur fût innocent comme elles !
[Racine, Phèdre] - 2En parlant des choses. Attachements criminels. Une passion criminelle. Une vie criminelle, une vie passée dans le crime.
Vanité de choisir pour souverains bonheurs Des plaisirs criminels les damnables mollesses
. [Corneille, L'imitation de Jésus-Christ]Un amour criminel causa toute sa haine
. [Racine, Phèdre]Il n'y aura plus d'adoucissement qui ne vous devienne criminel
. [Massillon, Car. Fausse confiance.]Je mouille devant lui de larmes criminelles Ces lieux où tu m'as dit qu'il choisit son séjour
. [Voltaire, Zaïre]Zaïre n'a point vu ce billet criminel
. [Voltaire, ib. IV, 7] - 3 Terme de droit. Qui a rapport au jugement des crimes. Tribunal, juge criminel.
Ce même prince ordonna qu'on n'exécutât personne à mort, avant que le procès criminel lui eût été envoyé et même présenté trois fois
. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]L'ordonnance criminelle ne devait-elle pas être aussi favorable à l'innocent que terrible au coupable ?
[Voltaire, Précis du siècle de Louis XV]La procédure criminelle des Romains
. [Voltaire, ib. 42]Qui a rapport au crime, par opposition à délit. Une affaire criminelle.
- 4 nm et nf Celui, celle qui a commis un crime. Un criminel. Une criminelle.
Quiconque sans l'ouïr condamne un criminel....
[Corneille, Médée]Parce qu'il a plu à sa providence [de Dieu] de conserver les sociétés des hommes et de punir les méchants qui les troublent, il a établi lui-même des lois pour ôter la vie aux criminels
. [Pascal, Les provinciales]Et n'allez point, pour fuir la raison qui nous presse, Donner le nom d'amour au trouble inanimé Qu'au coeur d'un criminel la peur seule a formé
. [Boileau, Epîtres]Il y a des criminels que le magistrat punit, il y en a d'autres qu'il corrige
. [Montesquieu, L'esprit des lois]Chez les Germains, à la différence de tous les autres peuples, la justice se rendait pour protéger le criminel contre celui qu'il avait offensé
. [Montesquieu, ib. XXX, 20]Les criminels tremblants sont traînés au supplice
. [Voltaire, L'orphelin de la Chine]Les malfaiteurs ont été condamnés aux mines, aux travaux publics ; leurs châtiments sont devenus utiles à l'État : institution non moins sage qu'humaine ; partout ailleurs on ne sait que tuer un criminel avec appareil, sans jamais avoir empêché les crimes
. [Voltaire, Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand]Criminel d'État, celui qui a commis un crime d'État.
Et depuis qu'on les traite en criminels d'État
. [Corneille, Polyeucte]D'un criminel d'État l'importante cassette
. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur]De quoi l'accuse-t-il ? et par quel attentat Devient-elle en un jour criminelle d'État
. [Racine, Britannicus] - 5 nm Terme de droit. Juridiction criminelle. Procéder au criminel.
C'est à moi que vous aurez affaire, messieurs ; si tout le monde me ressemblait vous n'auriez pas si beau jeu ; je vous attaque tous au criminel
. [Picard, Duhautcours]Fig. Au criminel, en mauvaise part.
Juvénal était un fâcheux qui prenait toutes choses au criminel
. [Guez de Balzac, Le Barbon]Ces exemples leur devraient apprendre à ne prendre pas au criminel d'autres expressions aussi fortes
. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]Aller d'abord au criminel, juger malignement de quelque chose sur de légères apparences.
Ancien terme de jurisprudence. Le grand criminel, se disait des procès qu'on jugeait à la tournelle criminelle et sur lesquels il pouvait intervenir condamnation à peine afflictive. Le petit criminel se disait de ceux où il ne s'agissait que de réparations ou d'amendes.
Aujourd'hui le grand criminel se dit des affaires de crimes du ressort de la cour d'assises ; petit criminel, des affaires de délits du ressort du tribunal correctionnel.
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